Propositions

Electrifier l’Afrique par Jean-Louis Borloo et Nicolas Hulot

Publié le 13 décembre 2015 , mis à jour le 23 avril 2021

A l’occasion de la COP 21, Nicolas Hulot et Jean-Louis Borloo, ancien Ministre d’Etat, président de l’association Energies pour l’Afrique ont fait paraître dans le Figaro du 13/12/15 une tribune expliquant leur vision d’un plan d’électrification de l’Afrique.

Retrouvez le texte de la Tribune « Electrifier l’Afrique : plus simple qu’on ne croit ! »

Imaginez une épicerie dans laquelle vous pourriez acheter des aliments et des boissons fraîches mais aussi louer des batteries et des lampes solaires, accéder à internet, recharger des téléphones portables, louer des espaces de réfrigération. Déjà vu ? Pas pour les clients ivoiriens ou burkinabés de l’entreprise Station Energy qui accèdent ainsi depuis peu, aux services énergétiques même dans les villages les plus reculés. La start-up kenyane M-KoPa propose quant à elle d’acheter de l’énergie solaire à l’heure, dans un pays où la majorité de la population n’a pas accès à l’électricité. Chaque kit permet d’éclairer 3 ampoules, pour l’équivalent de 43 centimes d’euros par jour environ, et de se passer ainsi des dangereuses et polluantes lampes à pétrole. Le cap des 150.000 foyers équipés a déjà été dépassé.

Quand on parle de l’électrification d’un continent, on pense spontanément à de grands réseaux centralisés : construction de kilomètres de lignes électriques et de grosses centrales sur le modèle de ce qui a été fait en Occident. Pourtant, les initiatives comme celles de Station Energy ou de M-KoPa montrent qu’une autre voie est possible. Et même souhaitable, car elle s’appuie sur les spécificités locales et la façon de vivre de chaque peuple. Le développement de petites installations solaires couplées à des batteries, permettrait de couvrir les premiers besoins, sans attendre les décennies nécessaires à la construction des réseaux électriques. il faut comprendre, en effet, que l’important n’est pas tant l’électricité que les services qu’elle offre : l’éclairage, la conservation des aliments ou des médicaments, la recharge de téléphones portables ou l’accès à internet, l’irrigation, les fonctionnalités d’un hôpital, etc. Et si l’Afrique manque cruellement d’électricité, elle est riche de son soleil !

Une telle (r)évolution a déjà eu lieu dans le domaine des communications : les téléphones portables sont partout en Afrique, contribuent au développement de la vie économique et ont évité le long et coûteux développement d’infrastructures classiques. Le photovoltaïque a un potentiel similaire. Il permet d’alimenter ici quelques ampoules, là des centaines de foyers via de grosses centrales solaires. Il est facilement et rapidement déployable au plus près des populations. Les installations mises en place pourront à terme être interconnectées à un réseau électrique national construit par étape.

La page de l’histoire électrique des pays d’Afrique reste largement à écrire : laissons-les développer le réseau du XXIème siècle. Un réseau configuré pour les énergies renouvelables, intégrant les potentiels du pilotage de la consommation et le stockage. Ne faisons pas l’erreur de reproduire les réseaux électriques occidentaux conçus avec les moyens et technologies du XXème siècle. Il s’agit donc d’orienter résolument les politiques publiques vers l’appui des PME locales qui proposent des solutions adaptées aux besoins réels des populations, puis d’envisager de véritables partenariats entre ces acteurs locaux et les opérateurs occidentaux pouvant amener expertise et savoir faire. Ainsi, le photovoltaïque se déploierait rapidement, et améliorerait le niveau de vie des populations en respectant les spécificités africaines. Soyons pragmatiques : n’attendons pas 2020 ou 2030 alors que nous pouvons agir des aujourd’hui pour améliorer très concrètement les conditions de vie de dizaines de millions de gens !

Retrouvez le texte sur le site du Figaro

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