Projets soutenus

Planter des arbres pour freiner l’avancée du désert

Publié le 02 décembre 2020 , mis à jour le 27 octobre 2021

Originaires de la ville de Bakel, Lassana et Idrissa ont constitué une équipe des jeunes bien décidés à contrer l’avancée du désert qui progresse jusqu’aux portes de leur ville, dans la région de Tamba au Sénégal Oriental. Avec leur association AJBF (Association des Jeunes de Bakel en France) fondée en 2015, ils se mobilisent depuis la France pour déployer leur projet baptisé «Bakel Écocitoyenneté». Lauréate de 2020 de notre programme Génération Climat, cette initiative s’appuie sur une campagne de sensibilisation afin d’interpeller et d’impliquer l’ensemble de la communauté. Elle sera suivie d’un programme de reboisement de la ville envisagé sur le long terme.

Le reboisement : solution incontournable pour lutter contre la désertification des sols

Le contexte : une sécheresse chronique depuis les années 70

Environ 40% de l'Afrique est désormais touchée par la désertification et selon l'ONU, les deux tiers des terres arables de l'Afrique pourraient être perdus d'ici 2025 si cette tendance se poursuit.

Subissant depuis plusieurs décennies les effets d’une dégradation chronique de la pluviométrie, les cours d’eau du Sénégal Oriental s’assèchent et les champs arides deviennent incultivables. Avec des revenus majoritairement dépendants de l’agriculture, les populations du nord-est du pays désertent la région, migrant vers les villes africaines de l’ouest, voire à l’étranger et surtout en France. Malgré les campagnes de reboisement de masse lancées par le gouvernement dans les années 80-90, sécheresse et chaleur progressent dans la zone sahélienne. Avec des températures atteignant les 47°C à l’ombre, les conditions de vie de sont de plus en plus difficiles.

Des bancs de l’école à l’action : mise en place d’un comité de réflexion

« Nous sommes tous des jeunes ayant partagé les mêmes écoles et les mêmes bancs. Nous partagions la même vision ».

C’est dans ce contexte que Lassana explique comment est née leur envie d’agir. Conscients des effets désastreux de l’avancée du désert sur leur ville et sur la population, ils ont décidé de monter un comité de réflexion et de gestion pour inviter toutes les forces vives de la ville (jeunes, élèves, étudiants, autorités locales, service des eaux et forêts) à se mobiliser pour trouver des solutions pérennes à ce problème. C’est dans cette dynamique collective qu’est né le projet Bakel-écocitoyenneté qu’ils pilotent aujourd’hui depuis la France en lien avec le comité à Bakel.

Projet Bakel

De jeunes planteurs d’arbres veulent faire de leur ville un rempart au désert.

Première étape : impliquer toutes les forces vives de la population

« Celui qui n’a pas de quoi boire ne peut pas penser à arroser un arbre »

proverbe sénégalais

Projet Bakel

D’où l’importance, avant toute chose, pour Lassana et Idrissa, de sensibiliser l’ensemble de la population à la préservation de son écosystème et les aider à s’organiser pour éviter sa dégradation. Pour cette première édition (2017-2018) ils se sont focalisés sur le reboisement de certains axes centraux de la ville. Au niveau scolaire, ils souhaitaient construire un apatam 100% écologique, (notre préau en France). Cette structure, qui offre aux élèves et aux enseignants un lieu de repos à l’ombre dans des cours où règne une chaleur étouffante, jusqu’à 47°C, leur semblait un bon moyen d’aborder les enjeux liés au réchauffement climatique.

Une deuxième phase ambitieuse : 927 arbres (depuis juin 2020)

Au-delà de la fraîcheur et de l’humidité qu’apporte la plantation des arbres en ville, l’effet brise-vent permet de ralentir l’action asséchante du vent qui vient du désert mauritanien. Pour cette seconde tranche, 927 plants d’arbres (terminalia, flamboyant, citronnier, manguier, cordia et eucalyptus) sont mobilisés. 5 établissements scolaires et plusieurs artères centrales de la ville en bénéficieront. Trois autres apatams étaient prévus mais ils ne sont pas encore financés. En attendant, les élèves pourront vendre la récolte des arbres fruitiers plantés dans les écoles pour contribuer financièrement à la construction et l’entretien des réalisations.

Ces actions de reboisement menées collectivement sont aussi pour eux l’occasion de multiplier les messages autour des enjeux climatiques en intervenant sur les radios locales, lors de conférences et en organisant des ateliers de réflexion et d’échanges sur les opérations de reboisement.

Au bout de 3 mois, 900 arbres plantés sont bien vivants et les 27 autres sont en phase de remplacement. Des tournées sont effectuées chaque mois afin d’établir l’état de la situation. A ce rythme, le taux de réussite est estimé entre 60 et 65 % en termes de plantes et 100 % en termes d’engagement citoyens.        

« Une famille, un arbre »

C’est le nouvel objectif que s’est fixé l’association pour dynamiser le reboisement de la ville : elle invite chaque habitant à planter un arbre devant sa maison. Ce slogan, les jeunes de Bakel l’ont lancé avec l’appui des élus locaux. Relayée sur les radios locales par des artistes rappeurs, l’association compte ancrer encore un peu plus la culture de l’arbre au sein de la population de Bakel : 16 000 habitants en moyenne dont un millier d’élèves scolarisés.

De Bakel à la France, La lutte contre les sables se poursuit

Un projet d’envergure, durable, et transnational

Le projet Bakel écocitoyenneté piloté depuis la France par l’AJBF récolte les fruits du long travail mené en partenariat avec les membres du comité de la ville. Lors d’un voyage au Sénégal, deux jeunes de l’association ont pu constater sur place les résultats positifs. Pour eux la réussite est double car ils tenaient autant à promouvoir l’écocitoyenneté qu’à lutter contre la désertification. Femmes et hommes de tous âges ont largement répondu à leur appel et ils sont parvenus à convaincre les autorités locales du bien-fondé des actions de terrain. La mairie, le conseil départemental, le service des eaux et forêts, les corps militaires, tous contribuent à leur mesure au reboisement. Les uns ont mis à disposition des outils, des véhicules, d’autres ont aidé à l’aménagement préalable des sites. Une mention spéciale à l’assistance technique des eaux et forêts qui, outre le prêt d’un camion-citerne pour l’arrosage, a prévu une réserve de plants pour remplacer les pousses mourantes.

L’engagement des jeunes, un pont vers les anciennes générations

« Les plus âgés pensent tout naturellement que le reboisement est une action culturellement noble, religieusement recommandée et pratiquement indispensable pour la réduction des températures locales ».

Les anciennes générations sont fières que leurs jeunes à l’immigration portent un tel projet. Heureuses qu’elles témoignent leur solidarité aux habitants de la ville de Baker. Sensibles aussi au fait que ces jeunes expliquent leur démarche dans la langue locale, avec des arguments accessibles à tous afin que chacun puisse pleinement saisir les enjeux climatiques et contribuer à l’action collective.

Cette solidarité transnationale qui se manifeste grâce à un projet contribuant grandement à la préservation de l’environnement envoie un message très positif à tous les jeunes expatriés souhaitant contribuer à l’amélioration des conditions de vie de leur pays. Parce que le défi écologique est un défi planétaire, grâce à son programme Génération Climat, la Fondation Nicolas Hulot prête une attention toute particulière à cette formidable énergie déployée par les jeunes migrants souhaitant agir auprès des populations des zones dont ils sont originaires.

Lauréat 2020 du programme Génération Climat, cette initiative s’appuie sur une importante campagne de sensibilisation afin d’interpeller et impliquer l’ensemble de la communauté, suivie d’un programme de reboisement de la ville envisagé sur le long terme.

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