Décryptage

Le Brésil tiendra t-il ses engagements climat par Nicolas Hulot et Marc Dufumier

Publié le 22 octobre 2015 , mis à jour le 23 avril 2021

Chaque vendredi, Les Echos consacrent un dossier aux enjeux de la conférence climat (COP 21) qui se tiendra à la fin de l’année à Paris. Dans celui du 23 octobre le Brésil est à l’honneur. Nicolas Hulot et Marc Dufumier (professeur émérite à l'AgroParisTech, membre du Conseil scientifique de la FNH) analysent le défi pour ce pays de répondre à ses engagements climatiques.

Texte de la tribune « Engagements climat : un vrai pari pour le Brésil ! » - les Echos - 23/10/15

Osons dire que la sauvegarde des forêts et l’agroécologie sont des piliers de la lutte pour le climat !

« Le Brésil s’est engagé à réduire de 43% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport à 2005. Cet engagement ambitieux pour le 8ème pays émetteur du monde, est-il vraiment réaliste ? Certes, le Brésil peut raisonnablement envisager de s’approvisionner à 45% en énergies renouvelables grâce à l’hydroélectricité, au charbon de bois et aux agrocarburants issus du sucre de canne (éthanol) ou à base d’huile de palme ou de ricin (agro-diesel). Seulement, les émissions de ce pays proviennent bien plus de son élevage bovin extensif (émetteur de méthane) et de l’expansion continue des cultures de soja au détriment de la forêt amazonienne que de sa consommation d’énergies fossiles. Le gouvernement brésilien saura t-il résister à la pression des grands propriétaires fonciers et empêcher les déboisements clandestins, alors qu’il vient d’assouplir le code forestier et d’amnistier les coupeurs illégaux ? Le pire serait que ces mêmes propriétaires profitent des financements climat pour vendre ou reboiser leurs terrains sur-pâturés et acheter ensuite de nouvelles terres à défricher aux dépends de la forêt amazonienne. Parions que le Brésil saura prendre une autre voie en luttant vraiment contre la déforestation et en aidant la petite paysannerie à développer les pratiques agro-écologiques. Association entre agriculture et élevage, production de fumier, de compost, agroforesterie sont autant de pratiques qui piègent le carbone dans les sols tout en réduisant les émissions de GES.

Osons dire que la sauvegarde des forêts et l’agroécologie sont des piliers de la lutte pour le climat ! »

Retrouvez cette tribune sur le site des Echos.

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