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Pour que vive la nature : Biodiversité en danger, les ONG mobilisées

Publié le 30 juillet 2020 , mis à jour le 01 décembre 2020

Le 22 mai dernier, à l’occasion de la journée mondiale de la biodiversité, 14 associations et fondations françaises* oeuvrant pour la protection la biodiversité ont remis leur Livre Blanc - Pour que vive la nature à la Ministre de la Transition écologique et solidaire d’alors. Ce document engagé a été réalisé afin de préparer la troisième Stratégie Nationale pour la Biodiversité (2021-2030) qui concrétisera les engagements français pris au Congrès Mondial de l’UICN prévu en janvier 2021 et à la COP15 Biodiversité également reportée au premier trimestre 2021. *ANPCEN, ASPAS, FERUS, FNE, FNH, Humanité et Biodiversité, LPO, OPIE, SFDE, SFEPM, SHF, SNPN, Surfrider, WWF

Ce livre, également remis à la nouvelle Ministre de la Transition Écologique le 16 juillet, présente une analyse de l’état et de l’évolution de la biodiversité française à la lumière des politiques publiques passées ainsi qu’un ensemble de propositions concrètes pour enrayer enfin son effondrement. Ces analyses et propositions s’intègrent aussi dans une perspective plus globale de questionnement de notre modèle de société, dont la crise sanitaire que nous traversons exacerbe les défaillances systémiques : destruction de la biodiversité, croissance des inégalités, vulnérabilité de notre modèle de développement… Ainsi, ce livre propose des pistes de transformations et d’actions afin d’améliorer le bien-être de tous en évoluant vers une société plus sobre, plus équitable, préservant la biodiversité et ses services. Le document comprend trois volets.

Livre blanc pour que vive la nature

L’état de la biodiversité en France

Le premier volet présente l’état actuel de la biodiversité dans notre pays. De par la situation géographique de l’Hexagone, ses territoires ultra-marins et son espace maritime, la France figure parmi les pays les plus riches en biodiversité. Malheureusement, notre pays fait aussi partie des dix pays au monde abritant le plus d’espèces menacées : 12 % des espèces en métropole et 28 % dans les Outremer sont menacées d’extinction selon la liste rouge de l’UICN. L’évolution des populations d’oiseaux et d’insectes est particulièrement inquiétante : par exemple, les populations d’oiseaux communs spécialistes des milieux agricoles ont baissé de 38 % sur la période 1989-2018. À l’échelle des milieux, l’érosion est également alarmante : 50 % des zones humides ont disparu entre 1960 et 1990.

 

Pour que la nature vive 2

De plus, les causes de l’érosion de la biodiversité perdurent ou s’accentuent : l’artificialisation des sols (9,4% du territoire national était artificialisé en 2015 et depuis 1981 l’artificialisation a progressé de 70% - alors que la population n’a augmenté que de 19% sur la même période - avec une nette accélération depuis 2006), la surexploitation (par exemple, environ 60 millions d’oiseaux sont tués chaque année par les chasseurs en métropole et parmi les 64 espèces d’oiseaux autorisées à la chasse, 20 sont menacées et inscrites sur les listes rouges de l’UICN), pollutions chimiques (par exemple, la consommation de produits phytosanitaires, estimée en nombre de doses unités, a augmenté de 25 % entre la période 2009-2011 et la période 2016-2018)… Les changements climatiques, qui sont en partie la conséquence de l’érosion de la biodiversité, accentuent cette érosion.

Pour que la nature vive 3

Pourtant, preuve est faite que les solutions existent et certaines réussites ponctuelles donnent des signes d’encouragements : retour ou amélioration du statut de certaines espèces menacées, réintroduction d’espèces disparues, préservation d’espaces protégés, amélioration de la qualité de milieux aquatiques… Ces succès, bien que souvent limitées et parfois fragiles, sont autant d’exemples qui doivent nous encourager à poursuivre les efforts.

Panorama et bilan de 60 ans de politiques publiques de la nature

Entre 1960 et 1990, l’État a été à la manœuvre en axant notamment son action sur la protection d’espaces naturels, via la création de parcs (le premier parc national français, celui de la Vanoise, est créé en 1963) et de réserves naturelles (la première réserve naturelle nationale date de 1961) et la restauration de milieux aquatiques avec la Loi sur l’eau (1964). Depuis les années 70, la multiplication des conventions internationales environnementales (Ramsar en 1971, CITES en 1973, Bonn et Berne en 1979…), des accords environnementaux multilatéraux et l’instauration de directives européennes environnementales (« Oiseaux » en 1979, « Habitats » en 1992, « Nitrates » en 1991…) ont également contraint l’État à s’engager plus concrètement pour protéger la biodiversité.

La Conférence de Rio en 1992 marqua également une étape importante en imposant la préservation de l’environnement comme une composante incontournable du développement durable.

Depuis les années 2000, ces avancées diplomatiques se sont notamment traduites par l’élaboration de stratégies, plans ou programmes aux apports malheureusement limités car la protection de la biodiversité n’était pas ou que trop peu intégrée dans les politiques sectorielles (agriculture, transport, énergie, urbanisme, aménagement…). 

Cette analyse globale a permis de d’identifier cinq principes visant à guider l’action pour les décennies à venir :

  • Identifier et corriger les effets néfastes des politiques sectorielles, nationales ou territoriales, à l’origine de pressions sur la biodiversité ;
  • Instaurer une volonté politique forte des acteurs publics, des communes à l’État ;
  • Définir des objectifs précis, vérifiables et communs à tous les opérateurs, avec des indicateurs de résultats et des moyens en adéquation avec ces objectifs pour attester de l’efficacité des politiques menées ;
  • Assurer une coordination forte entre tous les opérateurs impliqués (publics et privés) au sein de dispositifs de gouvernance inscrits dans la durée ;
  • Mobiliser en priorité de manière crédible les instances consultatives déjà existantes et appliquer le droit existant : il est indispensable de mieux écouter les diagnostics et propositions des acteurs de la société civile, émises en particulier au sein des instances consultatives déjà mises en place mais rarement écoutées.

Propositions pour une nouvelle Stratégie Nationale pour la Biodiversité

Les propositions d’actions sont déclinées en 36 objectifs, eux-mêmes regroupés en huit ambitions.

Les deux premières ambitions visent à améliorer à la fois la gouvernance de la biodiversité et les outils financiers à travers une gouvernance inclusive et planifiée, coordonnant et mobilisant les acteurs et faisant respecter le droit et un dispositif économique et fiscal au service de la protection de la biodiversité et de la lutte contre le changement climatique.

Les trois ambitions suivantes visent à faire prendre en compte les enjeux de la biodiversité sur l’ensemble de notre territoire et dans toutes les activités qui s’y déploient : en intégrant les objectifs de biodiversité et les solutions fondées sur la nature dans les principales politiques sectorielles, en réduisant à la source les pressions qui s’exercent sur la biodiversité ainsi qu’en protégeant et en restaurant durablement les milieux naturels, les espèces et leur capacité d’évolution. 

Enfin, les trois dernières ambitions visent à ce que cette stratégie s’inscrive au cœur de notre société et soit mise en œuvre de manière pérenne, suivie et évaluée grâce : à la sensibilisation, la formation et la mobilisation des citoyens et de tous les acteurs, à l’amélioration des savoirs et savoir-faire déployés par les acteurs publics ou privés et à l’accès équitable au patrimoine naturel et à la lutte contre les inégalités d’accès aux espaces naturels.

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