Propositions

Une France 100% énergie renouvelable : Comment faire du rêve une réalité ?

Publié le 29 mai 2018 , mis à jour le 23 avril 2021
15 millions d’hectares de forêts, 5 500 km de côtes, 29 millions d’hectares d’activités agricoles, du soleil, du vent, la France a toutes les ressources pour produire un mix énergétique 100% renouvelable. L’association négaWatt, composée d’experts indépendants et reconnus, persiste et signe : « Oui, c’est possible de sortir du pétrole, du charbon, des gaz de schiste et du nucléaire pour 2050 ». Et elle est loin d’être une exception : en défendant aussi un mix électrique 100% EnR en 2050, l’Ademe et le Ministère de l’écologie lui ont emboîté le pas. A l’échelle mondiale, une équipe de chercheurs de l’université de Stanford fournit l’étude d’un modèle énergétique 100% renouvelable dans 139 pays de la planète permettant de rester en dessous des 2°C de réchauffement climatique, objectif des accords de Paris.

Se passer des combustibles fossiles permettra aussi de cesser des importations qui représentent quelques 32,4 milliards d’Euros (2016) et de créer, à terme, dans toutes les filières de l’énergie verte, près de 50 000 emplois. Reste aux dirigeants d’afficher leur volonté politique et de porter des projets de citoyens de plus en plus engagés. Ressources, intentions, technologie, résultats : si sur le papier, tout y est, comment faire du rêve une réalité ?

Optimiser la production

Il faut jouer toutes ses cartes ! Le soleil et le vent, bien qu inépuisables et largement disponibles, restent sujets à variation, mais d’autres sources d’énergies renouvelables sont plus faciles à stocker et donc à contrôler comme le bois, le biogaz, l’hydraulique.

Actuellement, la biomasse (bois énergie, résidus agricoles, déchets alimentaires), et l’éolien tiennent le haut du pavé, viennent ensuite au coude à coude le solaire photovoltaïque et le biogaz, puis la géothermie, le solaire thermique et enfin les énergies marines (hydroliennes et éolienne offshore), des gisements peu ou pas exploités. 

Focus sur le bois :
C’est une ressource disponible sous différentes formes (granulés, bûches) en fort développement. Ses avantages : un bilan carbone neutre puisqu’il consomme autant de CO2 durant sa croissance que lors de sa combustion. Le prélèvement actuel d’environ 50 millions de m3, soit environ la moitié de l’accroissement naturel de la forêt, maintient cette bioénergie dans le peloton de tête des énergies de demain. 

Focus sur les gaz renouvelables :
La production de biométhane (obtenu par méthanisation de toutes sortes de matières organiques) et d’hydrogène renouvelable (provenant de l’électrolyse de molécules d’eau) devrait connaître une forte expansion. L’objectif de la loi de transition énergétique est de 10% de gaz renouvelable en 2030. Le défi : tripler le nombre de sites de méthanisation dont l’installation en France est encore trop controversée, donc complexe et soumise à de fortes contraintes..

Malheureusement la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique stagne. Elles se hissent à la quatrième place derrière le nucléaire, les produits pétroliers et le gaz.

18,4% du total de l’électricité consommée en 2017 étaient issus des énergies vertes, pourcentage ramené à 10% pour la consommation d’énergie dans sa totalité 

La France va probablement passer à côté de l’objectif de 23% d’énergies renouvelables en 2020 fixé par l’Union Européenne. Il est encore temps de redresser la barre pour atteindre et dépasser celui, plus ambitieux, prévu dans sa loi de transition énergétique de 2015, à savoir 32% d’énergies renouvelables en 2030.

Développer l’énergie en « circuit court »

Portés par des acteurs locaux, des collectivités et des particuliers, des projets participatifs et citoyens de production d’énergies renouvelables essaiment. Promus acteurs et actionnaires de projets de production d’énergie, parfois auto-consommateurs, les riverains acceptent plus facilement les aménagements menés sur leur territoire pour produire de l’énergie renouvelable.

Ainsi, 15% de la production d’énergie renouvelable pourrait être replacée entre les mains des citoyens.  Cela faciliterait par exemple la multiplication par trois de la production éolienne terrestre – soit, en 2050, 18 000 éoliennes. Cela représente seulement environ 7 000 éoliennes de plus qu’aujourd’hui car ces machines sont de plus en plus puissantes. Reste à simplifier la réglementation et à actionner des leviers financiers pour basculer une partie des moyens publics dédiés aux renouvelables au profit de ces dynamiques territoriales.

Améliorer l’efficacité énergétique 

Au niveau actuel de la demande en énergie, il n’est pas envisageable que les énergies renouvelables répondent à 100% de nos besoins en 2050. Le scénario de 100% d’énergies renouvelables est réalisable à condition de diviser par deux notre consommation énergétique en France d’ici 2050, comme le fixe la Loi de transition énergétique de 2015. Mais comment faire quand on sait que chaque foyer multiplie les équipements ? Mettre le cap sur l’efficacité énergétique !

Le bâtiment,1er consommateur d’énergie, est un secteur clé. L’avenir est à la rénovation et à l’isolation thermique pour une meilleure performance des logements (objectif - 56% d’énergie consommés dans le secteur résidentiel et tertiaire, et 500 000 logement rénovés chaque année), et à l’écoconstruction. La ville de Strasbourg, avec 100% d’énergies renouvelables dans le viseur pour 2050, ouvre la voie en inaugurant la première tour d’habitation à énergie positive du monde.

Forte capacité de progression aussi dans les transports en poursuivant l’électrification et la gazéification du secteur (avec du bio-méthane pour les camions), en développant le rail, les transports en commun, le covoiturage et le vélo pour, à terme, réduire le parc automobile d’au moins 60%. Mark Jacobson, professeur à l’université de Stanford affirme que « moins de 20% de l’énergie fournie par l’essence d’une voiture sert à la faire bouger, le reste est perdu en chaleur. Avec une voiture électrique, 80% de l’énergie fournie sert à avancer ».

Faire des économies d’énergies au quotidien 

Chauffage et eau chaude restent les deux postes les plus consommateurs d’énergie à domicile, d’où l’importance de privilégier l’isolation du logement et l’achat d’appareils performants. En même temps, bien que nous soyons de plus en plus équipés (petit et gros électroménager, éclairage, électronique) nos appareils et les ampoules LED sont beaucoup moins énergivores. Plus légers, beaucoup sont nomades et fonctionnent sur batteries, de fait, limitées.

Pour résumer : A l’achat, choisir des modèles en se référant à l’étiquette énergie (A+++), être conscient que la taille et le nombre des appareils conditionne aussi la consommation. A l’usage : bien les entretenir, ne pas les laisser en veille, déconnecter les box la nuit et débrancher tout ce qui peut provoquer des fuites d’électricité, téléviseurs, four, micro-ondes, cafetière… Et pour finir ne jamais jeter mais donner, réparer et en dernier recours, recycler. L’exemple d’un foyer est peu significatif mais à l’échelle nationale, ces gestes deviennent capitaux.

L'article vous a été utile pour mieux comprendre cette actualité ?

Pour approfondir le sujet

PLF2023 : Il est urgent de soutenir la restauration collective face à l'inflation !
Des mesures-miroirs pour exiger les normes UE aux importations
Ajustement carbone aux frontières : quelles conditions pour un mécanisme juste et efficace ?
/alimentation-responsable//biodiversite-preservee//agriculture-sans-pesticides//zan-et-mal-logement//attal-mesures-miroirs//pourquoi-est-il-vital-de-proteger-la-biodiversite//faire-pousser-legumes-domicile//pourquoi-les-ogm-sont-ils-mauvais/