Décryptage

Vélo : quelles aides financières pour se remettre en selle ?

Publié le 02 juin 2021 , mis à jour le 10 juin 2021

Le virage est amorcé. Preuve en est des « coronapistes » et autres termes apparus pendant la pandémie en même temps que le mot « déconfinement ». Pour que l’effet booster de la crise sanitaire perdure, voici un petit tour d’horizon des aides financières et mesures mises en place pour aider les cyclistes à se frayer une piste…

L’effet boosteur de la crise sanitaire perdurera si la volonté politique est au rendez-vous

Qu’il soit à assistance électrique ou pas, le vélo gagne du terrain. Entre les habitudes prises de se déplacer librement, rapidement, sur des axes de plus en plus sécurisés et l’émergence notable, surtout chez les jeunes, d’une conscience environnementale, les principaux freins psychologiques se desserrent : sentiment de vulnérabilité, crainte de ne pas y arriver, peur de se sentir socialement déclassé, difficultés à concilier tenue de travail impeccable et pratique du vélo… plusieurs verrous ont sauté.

Le premier déconfinement a fait craindre un report de la fréquentation des transports en commun sur la voiture individuelle dans l’espace urbain et incité le gouvernement à prendre des mesures. Mais gare au rétropédalage : pour que la petite reine continue à s’imposer dans le paysage, la reconduction des aides et le renforcement de mesures favorisant l’essor de la mobilité douce feront la différence sur le long terme !

Vélo, VAE, Vélo-cargo : quelles aides pour ces nouveaux modes de transport urbains ?

Subventions à l’achat et location longue durée

Afin de développer la pratique du vélo au quotidien, depuis 2015 les aides à l‘achat s’étoffent. Quasiment toutes les grandes villes de France proposent aujourd’hui des subventions à l’achat, leur montant est en principe lié à la taille de l’agglomération et à son besoin de réguler le trafic, mais elle dépend aussi d’une volonté locale, plus ou moins affirmée, de développer le vélo.

Quelques exemples d’aides (pour les connaître, il suffit de vous renseigner auprès de votre municipalité) :

  • Le plan vélo lancé en 2017 par la Région Ile-de-France dispense par exemple une aide pouvant s’élever jusqu’à 500 € pour l’achat d’un vélo à assistance électrique neuf et, depuis 2020, jusqu’à 600 € pour un vélo-cargo.
  • En ce qui concerne les locations longue durée, après le Véligo pour les VAE (vélo à assistance électrique), là encore les franciliens ont maintenant la possibilité de louer 500 vélos-cargos, conçus pour porter jusqu’à 100 kilos mis en service par Ile-de-France Mobilités (250 points de livraison).
  • La métropole de Rouen, elle, contribue à hauteur de 300 € d’aide à l’achat d’un vélo électrique dans la limite de 30% du prix, tandis que Angers Loire Métropole prend 25% du prix d'achat TTC, avec un maximum de 200 euros (400 euros pour les vélos-cargos).

Élargissement de la prime à la conversion pour remplacer sa vieille voiture par un deux roues

Tout récemment (avril 2021), l’Assemblée Nationale a voté un amendement pour étendre la prime à la conversion aux vélos et vélos à assistance électrique. Une excellente nouvelle pour qui mettra au rebut une voiture polluante et obtiendra un financement pour acheter un vélo, un vélo-cargo, voire un vélomobile. Et un très bon moyen de fabriquer de nouveaux cyclistes ! Le montant de cette prime à l’achat n’a pas encore été arrêté, mais gageons qu’il atteindra les mêmes montants que la prime à la conversion voiture (c’est-à-dire entre 1 500 à 5 000€).

Les mesures incitatives à l’usage

Le programme Alvéole déployé en pleine pandémie, et financé par les Certificats d’économie d’Énergie (CEE) à hauteur de 80 millions d’euros, comporte trois volets :

  • « Le coup de pouce réparation » en est l’axe central. Impulsé par les pouvoirs publics, la Fédération française des usagers (FUB) et le bureau d’études spécialisé ROZO, il vient pallier le manque de temps, d’outils et/ou de compétences qui suffisent souvent à décourager les plus motivés à l’idée de se remettre en selle sitôt qu’ils découvrent l’état du vélo qui dort au fond du garage depuis... longtemps ! C’est ce qui explique le formidable succès de l’opération mise en place le 11 mai 2020 : chez tous les réparateurs référencés sur la plateforme de la FUB, chaque personne souhaitant faire réparer son vélo d'occasion disposait d’un forfait de 50€ directement déduit de sa facture. La mesure, prolongée jusqu’au 31 mars 2021 a de loin dépassé l’objectif initial des 300 000 réparations puisque 1,9 millions de réparations ont eu lieu dans le cadre de ce coup de pouce réparation. Ce regain d’activités encourage aujourd’hui les associations à demander la généralisation et l’extension d’un « chèque réparation » qui dynamiserait le secteur et pérenniserait les emplois nouvellement créés.
  • Actives jusqu’en décembre 2021, les deux autres mesures portées par Alvéole concernent, d’une part la création de places de stationnement et d’abris à vélo près des pôles d’intermodalité et des établissement publics, scolaires et universitaires et, d’autre part, des cours de remise en selle pour (ré)-apprendre à se déplacer en deux roues en ville en toute sécurité avec, en bonus, des sessions de sensibilisation à l’écomobilité. Là encore, le « coup de pouce stationnement » soutenant la création d’abri vélos, reste un levier majeur pour générer de nouveaux emplois via la construction et la maintenance de ces infrastructures.

Les coronapistes et autres aménagements

Dans l’urgence de la crise sanitaire, plusieurs nouveaux aménagements ont été matérialisés au sol (marquages, plots, changement d’affectation de voies…) : les coronapistes. Comme quoi, il est possible de redistribuer une part de l’espace pour encourager, faciliter et surtout sécuriser les utilisateurs de vélos ou autres moyens de mobilités actives.

IDF Mobilités promet 50 000 places de vélos en 2025, 100 000 en 2030 et 4 000 places gratuites sécurisées pour les abonnés Navigo Annuel, imagine R afin de favoriser l’intermodalité des transports.

Le vélopolitain : la Mairie de Paris propose d’aménager 400 nouveaux kilomètres de voies cyclables qui suivraient les grandes lignes de métro maillant la ville, mais aussi des « vélorues » (au moins une rue dédiée aux cyclistes dans chaque arrondissement, et la généralisation du double-sens dans les zones 30, des zones de circulation restreinte dans le centre de Paris et à proximité des écoles et des crèches). A cela s’ajoute l’instauration d’un « code de la rue » à destination des piétons et cyclistes pour faire respecter leurs droits.

Pour les vélotafeurs…

Le forfait mobilité durable (FMD) a remplacé en mai 2020, l’indemnité kilométrique vélo IKV mise en place en 2016. Défiscalisée pour le salarié et exonérée de cotisations sociales pour l’employeur - privé comme public-, cette mesure offre une indemnité aux employés utilisant un vélo, un VAE ou une trottinette électrique, pratiquant le covoiturage ou l’autopartage de véhicules à faibles émissions. Cette prise en charge des frais de transport pour leur trajet domicile travail a été réévaluée en 2021 à 500 € (contre 400 € avant) par salarié et par an dans le secteur privé, où elle est facultative, et 200 € pour les agents du secteur public, où elle est obligatoire sauf dans la fonction publique territoriale. A noter qu’en cas de transport multimodal, cette indemnité forfaitaire peut être cumulée à la participation employeur aux frais d’abonnement aux transports publics, dans un plafond de 500 € par an.

Mobilité et déconfinement : le vélo, grand gagnant ?
A venir...

Le ministère de la Transition écologique a lancé à l’automne « Objectif Employeur Pro-Vélo », un nouveau programme de développement de l'usage du vélo dans les trajets domicile-travail. L’objectif pour les employeurs publics comme privés engagés dans cette voie est l’obtention du label dont le référentiel est élaboré par la FUB et l’ADEME. Ce nouveau dispositif vise 4 500 employeurs labellisés et 25 000 emplacements vélo cofinancés à l’horizon 2023.

Pour pédaler plus loin, usagers et ONG se mobilisent...

Les appels lancés par les associations d’usagers et les ONG pour ne pas s’arrêter en si bon chemin portent sur :

  • la généralisation des aides à l’achat et la révision des plafonds à la hausse,
  • l’augmentation du réseau de pistes cyclables pour que toutes les rues deviennent accessibles à vélo avec des aménagements sécurisés dans les « zones de danger » identifiées (ponts, portes de Paris, rond-point, rupture du réseau…),
  • la reconnaissance du stationnement vélo comme outil d’efficacité énergétique du bâtiment afin qu’il bénéficie au même titre que d’autres aménagements durables, d’avantages dans les plans de rénovation,
  • l’aide à l’installation d’entreprises qui proposent des services et des équipements autour du vélo ainsi que des ateliers de réparation (relance de chèques réparation).

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